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Revue A.R.T. N°3

N° 3 : Étrange et étranger (septembre 2020)

Coord. Morgane Augris et Cécile Margelidon

1. Présentation - Morgane AUGRIS et Cécile MARGELIDON (U. de Tours, ICD)

L'étrange et l'étranger, en convoquant l'imaginaire du dehors, de la transgression, de la surprise et du hors norme, ne peuvent manquer de questionner notre rapport à la liberté, du point de vue politique de la modernité et de la diversité culturelles et nationales, poétique de la création et de l'interprétation esthétiques (littératures et arts, interdiscursivités et traductions, transferts culturels) ainsi que social et sociétal des identités construites et déconstruites.

Présentation 
 

2. L’étymologie, un procédé d’appropriation linguistique et culturelle ? L’exemple de la nymphe crétoise Dictynna chez Virgile - Cécile MARGELIDON (U. de Tours, ICD)

Mots-clés : appropriation linguistique, étymologie, érudition, mythe, Dictynna

"L’étymologie, un procédé d’appropriation linguistique et culturelle? L’exemple de la nymphe crétoise Dictynna chez Virgile"

Dictynna est une nymphe d’origine crétoise associée progressivement en Grèce à Artémis, avant d’être introduite dans la poésie latine du Ie siècle avant J.-C. comme une jeune fille délivrée de son poursuivant par la déesse Artémis. Les problématiques de l’étrange et de l’étranger s’y mêlent d’une manière particulièrement perceptible, et à plusieurs niveaux, mythographique, linguistique et stylistique : du point de vue mythographique, comment le récit d’une déesse étrangère s’est-il transformé, quelles sont les étapes de cette évolution, comment l’appropriation a-t-elle eu lieu en Grèce, puis à Rome ? Du point de vue linguistique, quelles sont les modalités de l’adaptation d’un nom propre à une autre langue ? Le crétois est différent du grec classique, et le latin constitue une étape supplémentaire dans ces phénomènes de traduction. Les étymologies proposées du nom Dictynna dans les récits poétiques sont-ils une manière de s’approprier cette divinité ? Enfin, du point de vue stylistique, nous étudierons tout particulièrement un poème méconnu de Virgile, la Ciris, où le récit de Dictynna annonce la mort de Scylla, transformée en Ciris. Virgile choisit une version du mythe différente de celle d’Ovide ou du poète alexandrin du IIIe siècle av. J.-C., Callimaque. En un mot, notre problème sera de comprendre de quelle manière l’étymologie permet de mieux cerner et de mieux dire l’étranger linguistique et culturel.
 

3. Extranjero en su propio país, apuntes sobre la historia de los modelos constitucionales utilizados para dominar a los pueblos indígenas - Héctor Javier VALENCIA SALAMANCA (U. de Tours, ICD)

Mots-clefs : citoyenneté, nation, constitutionnalisme, décolonisation, État

"Extranjero en su propio país, apuntes sobre la historia de los modelos constitucionales utilizados para dominar a los pueblos indígenas"

El texto aborda la relación existente entre la construcción de formas constitucionales e imaginarios nacionales, cuya articulación instauró un régimen de dominación sobre las naciones indígenas. Este análisis histórico y conceptual parte de las fuentes sociales, económicas, filosóficas, antropológicas y culturales que determinaron la consolidación de un proyecto de nación en detrimento de otros. Además, la investigación examina cómo, a través del examen de archivos históricos como las cartas constitucionales y nuevas formas de servidumbre republicana como el tarraje, la ruptura entre la Monarquía y la República solo se manifestó en ciertas porciones de la sociedad mientras que en otras capas continuó la herencia colonial. El artículo busca trazar algunas continuidades y rupturas en relación con el concepto de ciudadanía en el contexto de la emergencia del Estado-Nación en el periodo post-independentista latinoamericano.
 

4. Marginalité et transgression dans l’esthétique de Georges Bataille - Rodolphe PEREZ (U. de Tours, ICD)

Mots-clefs : marginalité, transgression, altérité, différence, criminalité

"Marginalité et transgression dans l'esthétique de Georges Bataille"

Le corpus fictionnel de Georges Bataille, auteur de la première moitié du XXe siècle, est caractérisé par un personnel romanesque singulier. Il appartient à ce que Bataille qualifie d’hétérogène, ou au pan de la culture qui concentre le mal, le sale, le criminel… Ainsi, nombreux personnages jouissent d’une expérience forte de la transgression d’interdits, voire la provoquent pour encourager une épreuve du transgressif. Ils s’initient régulièrement à l’exercice de leur marginalité non pas dans une perspective critique mais bien dans une volonté émancipatrice. Or, cet enjeu qui demeure au cœur de la matrice bataillienne ne manque pas de révéler l’altérité de ces personnages, au cœur d’un système normé. Ce faisant, ils manifestent une différence riche qui demeure l’affirmation de leur étrangeté au monde. Ce goût pour les figures d’exclus, de Troppmann, « massacreur de Pantin » à Gilles de Rais, concourt à faire l’épreuve de soi comme d’un étranger, tant pour l’auteur, à travers le pseudonyme, que pour le lecteur. Ainsi, l’écrivain se fait lui-même criminel par un effort transgressif répété qui vise à dévoiler des impensés collectifs.
 

5. Atiq Rahimi, l’écriture de l’exil - Mouna NAJI (U. de Tunis / U. de Tours, ICD)

Mots-clefs : étranger, exil, littérature, intermédialité, cinéma

"Atiq Rahimi, l'écriture de l'exil"

Face à l’influence remarquable de l’exil sur les sociétés contemporaines et la démographie à l’échelle internationale, il nous semble judicieux d’étudier son influence aussi sur la littérature et les arts. Notre article explore l’écriture de l’exil chez l’écrivain / cinéaste franco-afghan, Atiq Rahimi. Dans cette optique, nous allons approcher les œuvres de Rahimi à travers le discours, le rythme, et le monde intérieur des personnages. Ces derniers, exilés, étrangers, loin de leur patrie ou, souvent même, dans leur propre pays. Nous amènerons alors une nouvelle définition de l’exil à travers l’écriture singulière d’Atiq Rahimi, marquée par un métissage artistique, l’intermédialité et la crise identitaire. Il y a aussi l’exil de la langue qui nous marque lors de son choix de langue d’écriture, notamment avec son deuxième roman Syngué Sabour. Pierre de patience, où il a choisit d’adopter la langue de son pays d’accueil : le français. L’exil seul justificatif de ce choix, il vient guider Rahimi dans sa quête de soi à travers la littérature certes, mais aussi les différents arts auxquels il touche : la photographie, la calligraphie, la callimorphie et le cinéma. Ce qui marque le style rahimien c’est qu’il représente un assemblage de plusieurs arts et plusieurs genres littéraires dans le même texte. Ainsi, cette analyse lève-t-elle le voile sur une narrativité contemporaine composite, donnant un nouveau statut hybride à l’écrivain.